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    La nuit avait été longue, ses paupières la tiraillaient, et son corps courbaturée, suppliait un moment de répit. Elle avait attendu, ou plutôt elle l’avait attendu toute la nuit, sans jamais n’avoir de nouvelles. Il était parti depuis 2 jours, depuis cette nuit où ce « collègue de travail » était venu le chercher en pleine nuit. Maureen ne comprenait rien, elle restait là, dans ce grand canapé, quelque peu perplexe par les événements récents. Son jeune fiancé était un homme discret, elle le savait bien, pourtant cette si grande discrétion qui le caractérisait finissait par l’exaspérer et l’impatienter.

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    Elle avait beau faire semblant, sa conscience n’était jamais tranquille lorsqu’elle le savait dehors, à l’extérieur, là bas, dans cet endroit qu’elle ne connaissait absolument pas. Et d’ailleurs, les activités de son mari lui étaient totalement étrangères également. Elle ne savait absolument rien quant à ce qu’il faisait, en quoi consistait son boulot. Alors elle attendait, encore et toujours. Ses journées étaient bien ressemblantes, et une lassitude amère la saisissait de toutes parts. Parfois, elle se sentait plus esclave que future épouse. Elle était « condamnée » à attendre patiemment le retour de son jeune fiancé, et n’aurait même pas de réponses à ses questions lorsqu’il rentrerait.

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    « Où étais-tu ? » « Que s’est t-il passé ? » « Pourquoi n’as-tu pas appelé ? »                                                 

    Toutes ces questions que tant de fois, elle avait envie de lui poser. Ce n’était même plus de la curiosité dérangeante, mais du souci. Elle ne comprenait pas cette différence chez Maxim, pourquoi ne vivait-il pas comme les autres ? Et puis finalement, une clef dans la serrure se faisait entendre. Elle ne tournait même pas la tête, elle n’avait même plus envie de le voir rentrer. 

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    Pourtant, il était là à présent, et il la regardait, l’air honteux, embarrassé. Il savait bien qu’il avait dû lui causer du mouron comme on dit, mais il avait des obligations. Son devoir passait avant le reste. Il décida tout de même d’entamer un semblant de conversation en commençant par un : « - Hum, bonjour…, elle ne répondit pas la première fois, puis, elle tourna son regard vers lui, d’un air des plus blasés, et elle retourna à nouveau la tête ; -Maureen… S’il te plait, ça ne va pas recommencer. – C’est difficile de laisser un message ou un appel ? Se contenta t-elle de lui dire tout en fixant la fenêtre qui donnait vue sur le quartier dehors. – Tu sais bien que je suis débordé, et puis, je suis finalement rentré, c’est ce qui compte, n’est-ce-pas ? – Oui, bien évidemment, tu rentres 2 jours plus tard, on ne sait absolument rien de ce que tu as pu faire, ou ce qui a pu te retenir pendant autant de temps, mais à part ça, il ne faudrait rien dire. »

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    Il ne savait que dire, après tout, elle avait raison, et il le savait pertinemment. Mais il était rongé par le doute. Il aurait aimé tout lui dire, sur cette institution gouvernementale qui formait des agents pour protéger la nation, et que lui, était l’un des entraîneurs de cette agence, il jouait un rôle clé dans la création de ces assassins. Mais s’il lui avouait tout ceci, comment réagirait-elle ? Et surtout, qu’est ce qu’ils lui feraient ? Elle serait probablement tuée dans les jours qui suivraient cette révélation. Il alla s’asseoir auprès d’elle, et tenta un rapprochement, elle ne le repoussa finalement pas. 

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    Il la sentait triste et songeuse, il tenta de la rassurer : « - Maureen, si je ne te dis pas tout, c’est pour te protéger, tu es ma seule famille, et je ne veux pas risquer de te perdre. Maintenant, j’essayerai d’être plus prévoyant, en te prévenant dès que possible, ça te rassure ? – On va dire ça comme ça… » Dit-elle en posant son bras autour de son cou. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, elle était bien trop amoureuse de lui, et ce,  depuis bientôt 4 années de vie commune. Mais supporterait-elle encore longtemps les cachotteries ? C’était une question à laquelle elle n’apportait pas de réponse, encore moins de solution. 


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  • 07

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    Elle était arrivée il y a bientôt une quinzaine de minutes. Tiziana et Katia discutaient de la situation critique dans laquelle se trouvait l’Aerthenus ces derniers temps. La fugitive ? Elle n’avait toujours pas été repérée par qui que ce soit, pourtant, Dieu savait que les moyens qu’ils avaient à leur disposition pour la retrouver étaient nombreux. Cependant, Nadja Rivera était loin d’être une débutante en la matière. Elle était restée près de six années ici, et avait apprit l’art et la manière d’être un excellent agent infiltré. La retrouver ne serait pas une partie de plaisir. Mais que comptait-elle faire ? Tiziana se remuait cette question des plus sordides dans son esprit, et regardait Katia, toujours impassible et de marbre, lui parler de « grands projets »

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    « - Il devient de plus en plus difficile d’accorder notre confiance aux agents, ici. C’est pourquoi tu vas être également mise à l’épreuve, Tiziana. – Et quel sera mon « test » ? – J’aimerais que tu interroges un « ami » de Nadja, nous pensons qu’il sait des choses sur ce qu’elle avait prévu de faire. Je sais que tu n’as fais que très peu d’interrogatoires jusqu’à présent, mais il faut s’entrainer à tout. »

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    Il était vrai que Tiziana n’était pas familière aux interrogatoires. Si l’idée même de tuer quelqu’un la faisait frissonner de honte et de remords, torturer, estropier, blesser quelqu’un dans le seul but d’en obtenir des informations était loin d’être sa tasse de thé. Habituellement, Katia et Hayden étaient ceux qui s’en chargeaient la majeure partie du temps. Leur sang froid et leur capacité à ne pas se laisser déstabiliser par leur interlocuteur leur étaient d’une grande aide lors de ces moments insoutenables pour un esprit innocent.

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    Tiziana songeait encore plus, allait-elle s’en sortir ?

    Finalement, elle sortir de la pièce après avoir parlé des derniers arrangements pour sa prochaine mission avec Katia, et elle croisa une « collègue » et surtout amie depuis des années ici, Charlotte. Elles étaient arrivées la même année à l’Aethernus, et s’étaient rapidement rapprochées lors des entraînements. Aujourd’hui, Tiziana faisait partie des agents d’élite, les meilleurs, Charlotte, elle, était à un rang inférieur au sien, cependant elles restaient très proches l’une envers l’autre.

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    « - Toi aussi tu dois aller voir « le tyran » ? dit Charlotte d’un air plaisantin à la grande brune. – J’y suis déjà passée, elle n’a pas l’air d’être dans la meilleure des formes en ce moment. Elle t’a fais venir ? – Oh oui, pour ma séance « confidence »… Dit-elle d’un ton ironique. Katia était chargée de parler aux recrues, et surtout, de les faire parler sur leurs événements passés, et ce, jusqu’à ce qu’ils se soient totalement confiés sur tout. Cependant la plupart, comme Charlotte, restaient discrets sur leur vie passée, et se retrouvaient à regarder le plafond durant le temps de la discussion.

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    - Tu es au courant pour l’agent qui s’est échappé ? demanda Charlotte sur un air plus sérieux à Tiziana. – Oui, ils m’ont inclus dans la mission pour la retrouver. – Quelle idée tout de même… Et puis, j’aimerai bien savoir comment elle a bien pu faire pour échapper aux gardiens, je n’y penserai même pas ! – Tu sais, elle a 6 ans d’expérience, je pense qu’elle savait tout des missions et de la façon dont les agents opèrent, alors elle s’en est sortie. La question qui devrait le plus nous préoccuper c’est, que compte-t-elle faire à présent ? – A sa place, j’irai prendre ma retraite sur une de ces îles chaudes au sable fin, et je me prélasserai au soleil jusqu’à ce que mort s’en suive ! Rigola Charlotte, mais elle voyait que Tiziana était bien plus préoccupée que cela à ce sujet. »

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    Nadja faisait le tour de ce quartier assez aisé dans les recoins de la ville. La salubrité et le retrait du motel dans lequel elle avait trouvé refuge ne lui convenait plus. A présent, il était temps qu’elle se pose, quelque part, près de l’agence, dans un endroit où elle pourrait plus facilement être au courant de leurs faits et gestes, où elle serait plus proche. Et ce, à des fins purement destructrices. Elle y tenait, à cet état de destruction, cette vengeance, contre cette institution qui se proclame bienfaitrice, offrant une « nouvelle vie », une chance de reconstruire ce qui a été détruit par les événements du passé, afin de tout recommencer, en mieux, à la perfection. Jusqu’à se façonner un nouveau personnage, un nouveau masque sous lequel la honte de certains actes peut être cachée. Elle se demandait pourtant, comment peut-on en arriver à un tel point, un tel changement ; pourquoi finalement, avoir envie de détruire toute trace du passé ?

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    Tant de questions dépourvues de réponses. Tant d’ignorance face à cette fatalité qu’est la vérité. L’échec d’une vie, l’échec d’une âme. Une âme torturée et déchirée par les démons de l’oppression. Un corps parsemé de cicatrices ineffaçables. Une conscience si… troublée. Si perturbée et déplorée, rongée par les remords, et le manque de reconnaissance. Se repentir ne lui sert à rien, mais pourtant ceci est son seul acte. Chaque fois qu’elle pense au passé. Chaque fois qu’elle tire sur la détente, sans savoir pourquoi telle est sa mission, sans même savoir si son interlocuteur mérite un tel jugement. N’était-ce pas Dieu le seul maître des règles du jeu ?

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    Certains appellerons-ça  les regrets. Regrets d’avoir gâché une partie de sa vie, de s’être adonnée à une secte de verre et d’avoir commis des actes d’une monstruosité intolérable. Peu importe comment les gens voient la chose, un crime, ou un service. A présent, ce temps est révolu. Telle est la promesse qu’intérieurement elle s’était faite, en s’échappant de cette prison inconnue. La saveur de la liberté lui sied parfaitement. Et aujourd’hui, recommence sa renaissance, mais cette fois-ci, elle assumera la totale souveraineté de son âme, et de son corps. Les chaînes qui lui avaient été créées sont maintenant rompues. Elle s’affranchit de leurs lois, leur morale, qu’ils aillent au diable. Où était la morale dans l’acte même de tuer ? Qu’avait-t-elle donc à apprendre, cette élite inconnue aux yeux des citoyens ? Elle le savait, l’important, n’était pas de suivre leur morale, il faut se créer la sienne, et tâcher de ne jamais s’en éloigner.


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    Musique d'ambiance : Daughter - Shallows

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    Le soleil était à son zénith, toute la ruelle était emportée dans cet éclat de lumière qui se projetait sur celle-ci. Elle fumait, encore, comme à sa tendre habitude. Et puis un bruit de pas s’avançant près d’elle. Charlotte rentrait. Elles étaient voisines, entre autres, et bossaient pour la même agence, si on peut voir les choses dans cette optique. Elles se connaissaient, bien évidemment, depuis longtemps. Bien qu’ayant des caractères totalement opposés, leur entente ne se ternissait pas dans l’ère du temps, ce qui était positif. La grande blonde qui, était bien indépendante, et assez distante, avait pourtant un aspect protecteur envers elle, cette femme-enfant, avec ses nattes brunes, et ses tâches de rousseur. Dès le départ, elle avait eu l’envie de prendre soin d’elle, comme une mère le ferait avec son enfant, en quelque sorte. Ou plutôt, comme elle aurait aimé qu’on s’occupe d’elle, comme elle aurait aimé que sa propre mère s’occupe d’elle.

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    Charlotte esquissait un large sourire à son acolyte. Elle était l’incarnation de l’insouciance et de la légèreté dans toute sa splendeur. Il était agréable pour quelqu’un d’aussi dur que Maria, que de rester avec quelqu’un d’un tempérament aussi doux, et d’ailleurs, elle l’avait adoucie, elle aussi. Ce petit bout de femme, qu’on croirait à peine sortie de l’adolescence, pourtant, Charlotte avait déjà derrière elle 21 années. Cependant l’idée de grandir ne lui traversait pas même l’esprit, elle voulait rester jeune, indolente et tranquille, avec des rêves plein la tête. Maria tâchait alors, bien souvent, de la ramener à la triste réalité, avec tout de même autant de tact de possible, et en lui rappelant qu’elle sera, bien sur, là pour l’aider à franchir le pas vers le monde des adultes, celui des soucis et des railleries.

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    Pourtant leur vie n’était pas si banale que cela. Et Maria ne comprenait pas que Charlotte parvienne à garder une certaine innocence alors que leur job consistait à assassiner des personnes pour le Gouvernement. Elle supposait qu’elle devait faire preuve d’une certaine ignorance, voire même naïveté, mais peinait à y croire. Dans le fond, elle était tout de même jalouse de cet état d’esprit positif que Charlotte arrivait à garder, Maria, elle, voyait plus le côté néfaste et mauvais des choses, et avait plus de difficultés à être optimiste concernant son avenir, sa destinée. Mais elle ne se plaignait pourtant pas de son travail. Elle n’était pas rongée par les regrets comme c’était le cas pour la plupart d’entre eux. Elle acceptait bien la chose, puisqu’elle savait qu’elle faisait son devoir, elle se rachetait pour ses actes passés, on lui offrait une chance d’être meilleure, et de protéger sa nation, alors si on lui demander de shooter quelqu’un, elle le faisait, simplement. Sans même penser à l’aspect immoral que l’on pouvait faire ressortir de cet acte d’assassinat.

    C’était une belle après-midi, le soleil était à son zénith, et le sens du devoir à l’appel.

     


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    Déjà une demi-heure que Tiziana parlait à cet homme, cet « ami » de la fugitive. Pourtant, il ne disait rien de bénéfique, aucune information qui pourrait être utile. Il disait n’être au courant de rien, que ce soit sur sa vie, ou encore sur son projet d’évasion. Ils se parlaient peu, ils aimaient à s’entrainer ensemble, et se partager quelques discussions, mais Nadja était une femme très discrète. Il ne savait absolument rien. Katia, qui observait la scène dans le couloir, derrière la vitre, faisant des regards insistants à Tiziana : il ne fallait pas qu’elle lâche l’affaire avec lui. Sa patience et sa ténacité étaient mises à rude épreuve, et la jeune femme aux cheveux ébène commençait à perdre son sang froid, face à cet homme qui la regardait de haut en bas, d’un air provocateur et narquois. Il se fichait d’elle dans le fond, et avait l’air heureux que Nadja parvienne à sortir de cette « prison ». Il ne prenait pas Tiziana au sérieux, et elle le voyait bien. Il ne faisait que sourire, et se mettait même à rire nerveusement par moments, ce qui devenait insupportable pour elle. Elle contenait, mais elle n’appréciait pas le fait qu’il se moque d’elle ouvertement de la sorte, et de plus, il ne disait absolument rien d’intéressant, qui pourrait éventuellement leur servir dans la traque de la grande blonde.

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    Ne pouvant supporter un de ses énièmes sourires en coin, elle se leva brutalement de sa chaise et asséna un coup terrible dans les côtes du grand brun, qui ne s’y attendait absolument pas. Il recracha du sang, et avait plus de difficultés à respirer. Pourtant, malgré cet état de faiblesse, Tiziana recommença à le frapper, bien qu’il la supplia d’arrêter, elle continuait, de toutes ses forces, pendant que Katia ne réagissait pas et regardait la scène, stupéfaite par cette explosion d’émotions chez Tiziana. Si bien qu’elle finissait par hurler « dis moi ce que tu sais ! » à pleins poumons à son interlocuteur qui ne bougeait plus, et ne se défendait absolument pas, bien trop faible sous les coups de la jeune femme.

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    Finalement, Katia rentra dans la pièce, et fit sortir Tiziana de là, encore sous le coup de l’émotion.

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     Katia était à présent en face de lui, essoufflé et abasourdi par les coups qu’il venait de recevoir. Elle le regardait sans une once de compassion, ni même de pitié envers lui. « Tu ne nous sers strictement à rien, je n’ai plus qu’à en finir avec toi. » lui dit-elle simplement, tout en sortant un revolver de son pantalon.

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    Il tenta d’ouvrir les yeux et de la regarder, cependant il n’en avait plus la force, et à quoi bon, si c’était pour se regarder mourir ?

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    Elle n’hésita pas, et tira sur la gâchette, le corps du jeune homme recula sous la rapidité et le choc de la balle à travers son crâne. Katia était lassée, elle qui en attendait énormément de cet interrogatoire, devra finalement chercher des réponses ailleurs.

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    Tiziana avait entendu le bruit du coup de feu, et se retenait contre le mur pour ne pas fléchir. Elle se sentait si faible à cet instant. Elle ne savait même pas comment elle avait pu craquer à ce point sur cet homme qu’elle n’avait jamais vu auparavant. « De toute façon, il est mort maintenant.. » se disait-elle, comme pour tenter de justifier ce qu’elle venait de faire. Pourtant, elle savait qu’elle avait totalement déconné, et qu’il était totalement irrationnel d’agir ainsi.

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